
Histoire des Belges en Perse
Charles BOULVIN et son épouse Alice BEDORET en Perse.
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Charles BOULVIN est né le 8 avril 1861 à Gerpinnes, Hainaut et mort le 30 décembre 1944 à Gerpinnes, Hainaut.
Alice Hyacinthe PÊTRE est née le 21 août 1865 à Clermont, Namur et morte le 2 janvier 1936 à Montignies-sur-Sambre.
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Ils se sont mariés le 9 Mai 1894 à Clermont, Namur. Donc, juste avant de partir en Perse
L’histoire persane de Charles BOULVIN et Alice PETRE se confond avec celle de la création, l’exploitation et la fin par liquidation d’une industrie sucrière belge en Perse, la société anonyme de fabrication du sucre.
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NOTE : de nombreux documents sur cette histoire se trouvent aux Archives diplomatiques du Ministère des Relations extérieures, dans le dossier numéroté 3197.
Voir aussi l’étude déjà mentionnée sur ce site, de l’historien Michel Dumoulin.
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Contexte:
Un « Comité d’Etudes Industrielles en Perse », le CEIP, est constitué à Bruxelles en juillet 1891. Il regroupait différents entrepreneurs et sociétés belges pour examiner les opportunités d’investissement belges en Perse. Une politique incarnée et activée par le représentant belge à Téhéran , le baron Maximilen d’Erp.
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En février 1892, le CEIP envoya à Téhéran un certain Henri Pellet, chimiste (français) de son état, pour y mener une enquête sur les conditions d'installation des industries du sucre, du verre, des bougies, de la faïence, de la porcelaine, et du papier en Perse .
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Il rédige 18 fascicules assez détaillés sur les ressources de l’Iran, ainsi que de nombreuses données sur le logement, les transports, les prix des denrées, etc …(nb : il évalue à 180 000 le nombre d’habitants à Téhéran à ce moment)
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Ensuite, pour évaluer les chances d’un investissement dans des plantations de betteraves et une industrie sucrière, un ingénieur agronome et cultivateur, fermier à Baulers, originaire de Gerpinnes, Charles Boulvin est envoyé en Perse fin 1892-début 1893 pour évaluer la faisabilité de l’exploitation d’une fabrique de sucre, sous l’angle essentiellement agronomique : les terres sont-elles appropriées, type de betteraves, rendement potentiel en sucre de la betterave, matériel et main d’oeuvre nécessaires. Il rend un rapport le 20 mai 1893. Il y évoque aussi les enjeux géopolitiques, les craintes des Russes pour leurs débouchés en Perse, des problèmes de fournitures nécessaires…
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Les débuts de l’affaire sont donc bousculés, de premiers souscripteurs se retirent, le 22 mars 1893 d’Erp demande l’aide du Ministre dans une lettre, sinon ils risquent d’échouer.
Finalement la société est créée le 18 octobre 1894. La première pierre est posée le 26 mai 1895, à Kherizeh.
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Charles Boulvin arrive avec son épouse en novembre1895. La construction n’est pas tout à fait achevée et la sucrerie pas encore opérationnelle. La raffinerie non plus.
L’année 1896 est celle du lancement des cultures, et puis du début du fonctionnement de la fabrique à l’automne.
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Le succès n’est pas vraiment au rendez-vous, malgré une production qui va augmenter. Le dossier contient de nombreuses notes du Ministre de Belgique à Téhéran, (l’ambassadeur) Beyens, dont un rapport très complet du 4 mai 1897. Le Shah visite l’usine le 21 décembre 1897.
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Les dirigeants belges cherchent encore des capitaux en Perse pour relancer l’affaire.
Dans un rapport du 28 juin, 1898, Beyens commence à changer d’avis. Ça ne marchera plus pense-t-il.
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Dans plusieurs courriers de 1899, cette tendance se confirme complètement.
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Entretemps Charles Boulvin et Alice Petre sont rentrés définitivement en Belgique, en octobre 1898 semble-t-il.
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Dans un document du 6 décembre 1899 l’échec est acté, : les récoltes sont décourageantes Les opérations sont suspendues. Il est très critique sur les dirigeants belges.
Dans une lettre du 24 janvier 1900, le nouvel ambassadeur, Degroote, évoque un « désastre » . Il parle du refus du Shah de financer et de livrer des betteraves (de ses propres terres). Le gouvernement persan refuse de racheter la sucrerie. Naus et Degroote trouve insensé le prix demandé par la compagnie belge, qui s’est ainsi « déconsidérée »
Dans un autre courrier de la même époque, Degroote écrit : « En vérité, ces messieurs devaient bien se rendre compte que la partie était définitivement perdue pour la sucrerie depuis 1897 et pour la verrerie depuis 1898 ». il y a des protestations et réclamations des soucripteurs persans.
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La sucrerie cesse définitivement l’exploitation en février 1900. La société sera mise en liquidation début 1901, après avoir cependant décliné depuis 1897-1898 et stoppé ses opérations en 1900.
Un courrier du 11 janvier de Degroote, reprend notamment une note du 6 novembre 1898 de l’administrateur délégué ( Raeymackers ?) qui parlait déjà de débâcle finale
Les causes sont multiples. Le contexte persan n’est pas simple, les difficultés ont été sous-estimées, les premières prévisions se sont avérées trop optimistes. De différentes notes de l’ambassade belge à Téhéran , ainsi que d’un courrier de synthèse de Charles Boulvin en 1897, ressortent les facteurs suivants :
- Frais d’installation sous-estimés, besoin de capitaux permanents.
- versatilité/rapacité des investisseurs et souscripteurs belges et persans.
- mauvaise gestion, frais généraux et salaires des dirigeants trop élevés. Rotation importante personnel extérieur.
- climat persan malsain, maladies rendent fréquemment indisponible personnel – européen.
- corruption répandue dans le pays.
- difficultés avec les cultivateurs persans qui devaient fournir l’usine en betteraves.
- mauvais matériaux locaux.
- main d’œuvre locale peu productive.
- récoltes moins bonnes que prévues.
- difficultés avec le clergé local.
- contexte géopolitique : russes opposé car ils exportent beaucoup de sucre en Perse.
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