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Emile Ransquin, à gauche.

Emile RANSQUIN (1874-1958) 

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Rédigé par Mireille Colette et Philippe Philippe Uyttebroek (descendant d’Emile Ransquin).

 

Carrière en Perse : Octobre 1908-Juillet 1914

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A son arrivée en Perse, en octobre 1908, ER a 34 ans.  Il quitte un poste de vérificateur des douanes à Bruxelles. Dès 1897, alors tout jeune « Surnuméraire des Contributions directes, douanes et accises » à Arlon, il avait postulé pour faire partie de la mission de Mr Naus.  « Prédisposé à un certain nomadisme par la carrière douanière de(s)on père, fils d’une mère émigrée française dont la famille est dispersée sur trois continents, passionné dès l’enfance par les récits de voyage et d’exploration », répondre à cet appel semble avoir été une évidence.

 

Emile Ransquin en Perse

 

 Sa carrière persane commence à Djoulfa ; il y est Directeur régional des Douanes d’octobre 1908 à février 1912, en pleine période révolutionnaire, dans la province la plus agitée du pays, l’Azerbaïdjan.  Il a pour mission d’organiser les douanes sur la frontière NO du pays (500 km), constituée par le cours de l’Araxe, et d’organiser les Finances à l’intérieur (7 sous-bureaux et nombre de postes divisionnaires).  

« Sur la rive gauche de l’Araxe, la douane russe, sur l’autre rive, en face, dans la plaine, la douane persane ; au milieu du fleuve, un ilot relié à la rive par une bande de terre pendant la saison sèche ; le trafic se pratiquait au moyen d’un ponton posé sur 2 barques profondes jumelées, tirées mécaniquement le long d’un câble, par le courant impétueux ; et ainsi voyageurs et marchandises passaient de la douane russe à la douane persane et inversement ». 

Le trafic de marchandises et de personnes par Djoulfa est intense.  

Sa mission débute dans des conditions difficiles.  L’insécurité est grande autour de Djoulfa : combats, actes de banditisme et de pillage.  La situation est particulièrement critique de février à avril 1909 : Tauris occupée par les troupes révolutionnaires, cernée par les impérialistes ; Djoulfa entourée par les troupes des deux bords ; trafic interrompu, plus de poste ni de télégramme, commerçants et employés abrités dans la douane, villageois réfugiés sur l’île sur l’Araxe…  

En avril, les troupes impériales se retirent ; les Russes pénètrent en Perse : 

«Le 27 avril, vers 8 heures du matin, le  Général russe Snarski franchit le pont de l’Araxe avec 2500 fantassins, 500 cavaliers et 24 canons ; elles entrent à Tauris le 29 avril ».  

La tâche d’Emile Ransquin va se ressentir de tous les remous occasionnés par la situation politique et l’expansionnisme russe.  Il a peu de démêlés avec les révolutionnaires, davantage avec les autorités russes et gouvernementales : mainmise sur les recettes, non-respect des droits de douane, etc. 

 Néanmoins, de mai 1909 à décembre 1911, règne un calme relatif et il put travailler à l’organisation des douanes.

Son épouse et son fils de 11 ans le rejoignent. Emile Ransquin mettra sur pied une école; le droit d’inscription était proportionnel aux revenus de la famille (ER a fait l’école Normale). Amateur de nature et de chasse, de longues chevauchées, ER et sa femme aiment d’emblée cette région.  Leur maison accueille de nombreux hôtes de passage.

 

En février 1912, Emile Ransquin est nommé « Directeur du Service Provincial et contrôleur financier de la Province » à Tauris.  Fin 1911, le mouvement révolutionnaire redevenu virulent, (donnant prétexte à une nouvelle intervention russe), a aggravé un état de famine endémique. Emile Ransquin travaille à la réforme de la comptabilité des revenus et dépenses de l’Etat et traque les abus.  Il cherche à lutter contre l’exploitation des paysans objets de razzias fréquentes, et contre l’accaparement du grain par quelques-uns, qui prive ainsi les caisses de l’Etat de revenus, et entraîne l’augmentation du prix du pain et la famine.  Il réorganise donc le maliat, et impose un contrôle sur le prix du pain. Il travaille dans un climat de tension, avec les Russes notamment, et se verra déplacé à Enzeli suite à leurs pressions.

 

Il y est Directeur Provincial des douanes et du contrôle des finances du Ghilan en septembre 1913. En juillet 1914, Il part en congé en Belgique. Il ignore que c’est un départ définitif : son contrat avec le gouvernement persan s’achève le 11/10/1914 et ne peut être renouvelé en raison de la guerre, à son grand regret.  

« Cette période illumine mes souvenirs, comme un paysage radieux, enchanteur, nostalgique, au charme duquel s’enveloppe encore mes rêveries ». 

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Traversée de l'Araxe à Djoulfa.

C’est la guerre ; il s’associe aux Non-Signataires du Département des Finances, refusant de remplir des fonctions sous la direction de l’occupant.  Il travaille comme bénévole aux Hospices de Bruxelles en tant qu’ « Inspecteur des Pauvres » (il traque les abus…).  Fin décembre 1916, accompagné de son fils âgé de 18 ans et d’Albin Gobron, son beau-frère également fonctionnaire en Perse, il tente de passer la frontière dans  le but de rejoindre l’armée belge et de  se mettre à la disposition du Gouvernement.   Ils sont malheureusement arrêtés, passent en Conseil de Guerre et sont condamnés à 10 mois de prison et à l’internement jusqu’à la fin de la guerre. Ils séjournent dans différentes prisons et camps d’internement en Belgique et en Allemagne. Emile Ransquin sera libéré le 22/10/1918.

Il réintègre alors le Ministère des Finances et travaille à Bruxelles comme Vérificateur des douanes et Accises.  Situation dont il ne se satisfait pas longtemps. 

 

Octobre 1923 : il part en Ethiopie.  Il est nommé Administrateur Général de la Régie d’Etat des Alcools, présidée par un sénateur belge, Le Jeune. La société belge chargée d’exploiter le Monopole des Alcools créée par Ménélik II n’atteint pas le but escompté. Le Ras Taffari refait appel aux Belges pour réglementer la fabrication, la vente, l’import/export des alcools. Emile Ransquin a pour mission préalable d’établir un état des lieux du pays afin de s’assurer de la rentabilité de l’entreprise, d’établir le projet de contrat de la nouvelle société. Il réglemente et supervise tout ce qui concerne les alcools dans le pays. Ce qui suscitera bien des réticences de la part des négociants et des puissances étrangères candidates évincées au projet. Là aussi, il met sur pied une école en vue de former les futurs employés. 

Il sera aussi sollicité pour fixer des « Lignes générales pour la libération des esclaves en Ethiopie ».   

Il séjourne à Addis-Abeba jusqu’en novembre 1926.  

 

En mai 1927, à 53 ans, il embarque à Anvers à destination du Congo. Il est mandaté par le Ministère des Colonies pour organiser le service des impôts, encore embryonnaire. Pendant 3 ans, pour mener à bien sa mission, il parcourt Provinces et Districts du Congo, en faisant de courts séjours dans les villes principales : des centaines de km en bateau et en train. Ses propositions ne plairont pas toujours à ceux qui s’accommodaient du système en vigueur jusque-là…  Son état d’esprit transparaît dans une note à un nouvel employé :

 « Nos fonctions sont ici comme en Belgique impopulaires.  Vous rencontrerez sans doute de l’hostilité ; tâchez de la réduire par de la courtoisie, de la bonne grâce ; conservez cependant toute votre indépendance morale ». « Lors de la révision des dossiers, vous rencontrerez beaucoup de négligence, d’erreurs de la part de vos prédécesseurs : c’est un mal général.  Vous vous contenterez, sans critiques ouvertes, de les redresser ». 

Il décrit les paysages parcourus, les infrastructures, complexes industriels, agricoles qu’il visite, les villes naissantes, etc. Il évoque ses rencontres de tout bord. Et jette un regard critique sur le fonctionnement de la colonie et sur les colons

Le 4 juin 1929, au terme de son contrat, il réembarque pour la Belgique. Ainsi prennent fin ses missions à l’étranger.  En effet, pour la 1ère fois, son épouse ne l’a pas accompagné, préférant rester auprès de sa petite-fille ; elle a fort mal vécu cette séparation.  Emile Ransquin réintègre l’Administration des Contributions directes à Bruxelles et terminera sa carrière comme Contrôleur en 1939.  Il décède le 9/11/1958.  

 

De ses différentes missions, il a laissé un grand nombre de documents, journaux, courriers et rapports d’activité : on y découvre un homme rigoureux, très soucieux d’atteindre l’objectif assigné, épris de justice et ayant le sens de l’Etat. Certes, ses missions avaient un caractère « lucratif », mais il était très attaché à servir les Etats honnêtement, voire scrupuleusement, ce qui ne lui attirait pas que des sympathies.  Curieux de tout et ouvert sur le monde, il se disait « citoyen de la planète ».  De la Perse, lui et sa femme avaient conservé une profonde nostalgie.

 

 

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